Ce que j'ai à dire; ce que j'ai pu lire

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Lieu : France

vendredi, avril 27, 2007

“Sa bouche ne porte pas de caleçon”

“Sa bouche ne porte pas de caleçon”

Depuis le Burkina Faso, la joute électorale ressemble à un sitcom.

Vue d’Afrique, la campagne électorale française ressemble à un Guignol aux codes hermétiques. Même si la composante francophone du continent “noir” a peu ou prou adopté les institutions françaises, les termes politiques “gauche” ou “droite” y ont aussi peu de résonances que “printemps” ou “automne”. Alors, quand on distingue un finaliste “de droite qui cite un penseur de gauche”, une finaliste “de gauche qui emprunte des thèmes de droite” et un troisième homme équidistant de la “droite” et de la “gauche”, ça ne fait guère sens à Ouagadougou. “Socialisme” ou “libéralisme” renvoient à un jargon presque aussi impénétrable, même s’il est employé par certaines élites, comme celle qui dirige le Sénégal. L’Afrique se veut le continent de la solidarité contre l’individualisme. Mais elle est aussi celui d’Etats aux poches trouées qui ne peuvent envisager d’être “providence”. Les concepts de “minima sociaux” ou de “revenu minimum d’insertion” n’ont même pas atteint ici le statut de mirages. Le seul mot que pourrait reconnaître l’oreille politique africaine dans la campagne électorale française, c’est “révolutionnaire”. Mais personne n’a vu Olivier Besancenot avec la kalachnikov qui constitue tout autant l’outil que l’argument des révolutionnaires africains.

A bien y regarder, la “Gaule” n’est-elle impénétrable qu’aux yeux des Africains ? Malgré tout, ce Guignol est burlesque à souhait et captivant, puisqu’il se déroule dans l’ancienne métropole de plusieurs pays d’Afrique occidentale et centrale. La campagne devient alors un sitcom dont les acteurs suscitent les commentaires au prorata de leur notoriété. A ce titre, Ségolène Royal, même née à Dakar, devra être élue si elle veut que les Africains échafaudent un avis sur elle. Le “méchant” naturel de ce sitcom inspire, lui, un intérêt inattendu. “Le Hongrois qui veut se faire couronner chez les Gaulois”, comme le chante le reggaeman burkinabé Zêdess, est bien sûr observé à travers le prisme de cette émigration choisie par les uns, subie par les autres. Mais, pour défendre les clandestins, il est plus facile de mobiliser le star-system parisien que les Africains “du terroir”. S’il n’a pas la légitimité pour revendiquer le titre de réfugié, un jeune sans-papiers qui se démobilise face aux difficultés de développement inspire-t-il vraiment la bienveillance de ceux qui restent fièrement ancrés dans leurs terres arides ?

Et, puisque les candidats français sont perçus comme les personnages d’une sitcom, celui de l’UMP plaît parfois car, comme le dit une expression ouagalaise, “sa bouche ne porte pas de caleçon”. Sarkozy n’a pas la bonhomie de Chirac, mais parle cru, avec cette virilité vindicative que ne désapprouve pas un Burkinabé. Pourtant, peut-être sa bouche aurait-elle dû porter un sous-vêtement quand il déclarait une flamme poussive au Burkina Faso, le 17 avril sur la chaîne TV5, indiquant qu’il admirait la bonne humeur de “ceux qui n’ont rien”. A Ouagadougou, ce n’est guère faire un compliment que de vous regarder depuis le Nord et de vous dire : “Vous n’avez rien.”

Damien Glez

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