la crise en France vue par la presse II
Courrier international - supplément au n° 784 - 10 nov. 2005 France : La rage des banlieues vue par...





D’après les représentants des jeunes issus de l’immigration, la situation n’est pas la même aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Avant, le climat était “antiarabe”. Aujourd’hui, il est devenu “antimusulman”. Pour les jeunes des cités qui espéraient se faire une place dans la société française, le réveil a été difficile. Les représentants des partis politiques officiels suscitent rarement l’intérêt dans les banlieues.
Quand ces jeunes regardent l’Assemblée nationale, ils constatent qu’il ne s’y trouve pas un seul représentant de leur communauté, et la situation n’est pas plus brillante aux niveaux municipal et régional. S’ils regardent les actualités à la télévision, ils n’ont pour ainsi dire aucune chance d’y voir un présentateur ou un journaliste arabe ou “black”, comme on appelle souvent les Noirs en France.
Les parents des jeunes qui lancent aujourd’hui des pierres sur les CRS sont arrivés en France pendant la période de croissance économique des années 1960 et 1970. Beaucoup d’entre eux ne venaient pas de grandes villes, mais de la campagne, et étaient analphabètes. Ils étaient bien intégrés tant que l’économie se portait bien. Mais, lorsque le vent a tourné, ils ont été mis à l’écart en banlieue, dans des barres d’immeubles décrépites. Leurs enfants sont français, mais restent en marge de la société. Et ils se sentent étrangers à l’échec de leurs parents. Lorsque la France a gagné la Coupe du monde de football, en 1998, on a célébré le brassage ethnique représenté par l’équipe nationale. La mosaïque black-blanc-beur a été érigée en symbole de la France cosmopolite. Mais le soufflé est vite retombé. Aujourd’hui, les banlieues s’enflamment rapidement. Et leur misère s’accompagne souvent de délinquance, d’une économie parallèle et de règles qui leur sont propres.
Tout n’est pas négatif, bien sûr. La mode “banlieue attitude”, par exemple, a été créée en banlieue et a eu du succès dans des quartiers où “banlieue” signifiait criminalité, gangs et HLM mal entretenus. Mais les exemples positifs disparaissent rapidement sous un flot de problèmes qui semble ne jamais devoir se tarir.
Björn Erik Rosin
Svenska Dagbladet
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