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lundi, septembre 26, 2005

TF1 et la culture (je sais, c'est antinomique)

Courrier international - n° 777 - 22 sept. 2005
Momo, la chèvre et le Breton Pourquoi les stupéfiants propos de Patrick Le Lay, le patron de TF1, sur le “génocide culturel breton” ont-ils suscité si peu de réactions ?

Cet été, j’ai cédé aux sirènes de la téléréalité [et] c’est de Koh Lanta que je souhaite vous parler. C’est la faute de mon ami Hssissen si j’ai été happé par cette émission diffusée par TF1. De lui j’ai reçu le courriel suivant : “As-tu vu la scène de la chèvre dans Koh Lanta ?” Je n’avais pas vu cette séquence, mais je n’ai eu aucun mal à la retrouver sur Internet. Rapide résumé de l’extrait de Koh Lanta qui a indigné Hssissen. Un candidat nommé Mohamed capture une chèvre sauvage. Problème : la bête est pleine et les responsables de l’émission exigent qu’il lui rende sa liberté au nom de la loi ancestrale de la chasse qui veut que l’on ne s’attaque pas à des animaux portant en eux une autre vie. Mais Momo a faim, très faim, et il ne l’entend pas de cette oreille. Je ne résiste donc pas à vous livrer un extrait de son monologue, qui fera sûrement date dans l’histoire de la télévision. “C’est moi qui l’ai chassée, dit-il au berger venu récupérer le quadrupède. J’en ai rien à f… qu’elle soit pleine ou qu’elle soit vide […]. Fallait pas me lâcher de chèvres ici […]. J’la mange, j’ai faim. […] J’ai mis trois heures à l’attraper, la chèvre. Trois heures !” La chèvre a survécu. Quant à Momo, pour sa punition, il a passé une nuit seul sur un îlot à peine plus grand qu’un lit.
Si je vous parle de Koh Lanta, c’est pour faire le lien avec des propos tenus par Patrick Le Lay, le PDG de TF1, la chaîne maîtresse d’œuvre en matière de téléréalité. Dans un entretien accordé au magazine Bretons de septembre, celui qui est l’un des hommes les plus puissants de France s’est laissé aller à des confidences pour le moins inattendues. “Je ne suis pas français, je suis breton. Je suis un étranger quand je suis en France”, a affirmé le PDG. Et d’accuser dans la foulée la France de “génocide culturel de la langue bretonne”, tout en plaidant pour la compréhension à l’égard des autonomistes bretons, dont certains ont eu recours à la violence pour défendre leur cause.
Stupéfiant ! Je note d’abord que ces déclarations n’ont guère soulevé de polémiques, et c’est aisément compréhensible : la puissance de feu de TF1 est telle que j’imagine mal nos grands héros médiatiques hexagonaux s’en prendre à Le Lay au nom de la République (jacobine). Mais imaginez un instant qu’un Maghrébin de France, célèbre, tienne des propos similaires. Fini, terminé : lynchage dans les éditoriaux et mise à l’index dans les émissions people. Quant au personnel politique, il a préféré se taire, de peur d’être privé de plateau dans le journal de 20 heures.
Il est vrai que demander des poursuites judiciaires à l’encontre du rappeur Monsieur R – dont une chanson et son clip contiennent des passages injurieux à l’égard de la France – est moins risqué que de critiquer le patron d’une grande chaîne. Quelle ironie ! En 1986, lorsque le gouvernement Chirac a décidé de privatiser TF1, le groupe Bouygues a remporté la mise en s’étant présenté comme le “mieux-disant culturel”. Près de vingt ans après, on peut affirmer sans trop exagérer que Patrick Le Lay a bien rendu la monnaie de sa pièce à la France et à ses Lettres grâce aux Lagaff, Morandini, Arthur et autres Cauet (désolé, la liste de ces érudits est trop longue). La vérité, c’est que, sur TF1, la culture française est une clandestine à peine tolérée. Patrick Le Lay peut vraiment se consoler : il a très bien vengé la culture bretonne.

Akram Belkaïd
Le Quotidien d'Oran

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Pour ceux qui n'auraient pas eu connaissance des propos de Patrick Le Lay, je joins quelques extraits de l'article paru dans le Monde. Il est consultable en ligne, bien entendu.

Patrick Le Lay accuse la France de "génocide culturel de la langue bretonne"

Extraits

Patrick Le Lay, PDG de TF1, "se sent un étranger en France". Il le dit avec virulence dans un long entretien publié par le magazine Bretons de septembre. "Je ne suis pas français, je suis breton" , déclare M. Le Lay, qui confie pouvoir lire le breton "à peu près" , mais pas le parler "en raison d'un problème d'oreille" ne lui permettant pas "de bien entendre les sons".
(...)
Dans le projet initial de TV Breizh, M. Le Lay raconte qu'il avait prévu de doubler les séries américaines en breton, mais, "devant la levée de boucliers" des politiques, il a dû y renoncer. (…) Mais M. Le Lay révèle que TV Breizh n'est pas seulement une télévision régionale qui défend le particularisme breton ; elle offre aussi un refuge pour les autonomistes qui ont eu affaire avec la justice.(…) Enfin, si M. Le Lay condamne la violence, il "comprend" qu'il y ait toujours des attentats en Bretagne en 2005. "Nous sommes dans un pays dont la culture a été opprimée. Et, quand vous avez obstruction, il y a anarchie."

Stigmatisant "le terrorisme intellectuel" qui a tué sa langue, le PDG de TF1 affirme que "la France a procédé à un génocide culturel de la langue bretonne".

Daniel Psenny

Article paru dans l'édition du 02.09.05



1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

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