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Lieu : France

jeudi, novembre 16, 2006

George W. Bush est français

16 nov. 2006 L'OPINION DU JOUR


George W. Bush est français

"Après le revers des républicains aux élections de mi-mandat aux Etats-Unis le 7 novembre dernier, la question ne peut plus être évitée : George Bush est-il français ?", s'interroge le chroniqueur John Thornhill du Financial Times, déjà prêt à répondre par l'affirmative.

"Une volée de bois vert texan attendrait sans doute toute personne qui poserait cette question. Après tout, la France est le pays que le président américain aime détester. Mais Bush s'inscrit beaucoup plus dans la tradition politique française que dans celle de son pays. Son interventionnisme militaire, son absolutisme et sa défense de l'exception nationale renvoient à Napoléon, Louis XIV et Charles de Gaulle. Les électeurs américains s'en sont-ils rendu compte avant d'aller voter la semaine dernière ? Il faut croire que oui puisqu'ils l'ont largement rejeté, ironise l'auteur.

La volonté du locataire de la Maison-Blanche d'intervenir dans des pays comme l'Afghanistan et l'Irak est bien française, souligne Thornhill. "Contrairement à leur réputation de 'singes lâches mangeurs de fromage', les Français forment le peuple plus belliqueux de la planète. Entre 1816 et 1980, la France a mené plus de guerres que tout autre pays, soit 22 (trois de plus que la Grande-Bretagne, qui est à la deuxième place). Paris est même à l'origine des hostilités dans sept cas. Bien avant la formulation de la doctrine de Bush de la 'préemption militaire', les Français l'ont pratiqué en Afrique."

"Bush a aussi une vision de l'exception incarnée par son pays et de l'universalité de ses valeurs qui est proche de l'esprit du gaullisme. Peu de présidents américains ont fait preuve d'autant de volonté pour répandre les valeurs américaines à l'étranger, en utilisant la force si nécessaire. La politique du président Bush pour bouleverser le Moyen-Orient a une ressemblance frappante avec les tentatives napoléoniennes durant la décennie 1790 pour exporter la révolution française à la pointe de la baïonnette."

Bush l'homme d'action serait aussi doublé d'un intellectuel aux yeux de Thornhill, s'approchant encore par là de l'idéal français. "Le président américain, qui a récemment lu l'existentialiste Albert Camus, a aussi démontré qu'il possédait un autre trait profondément français : préférer la théorie à la pratique. Alors que la plupart des présidents américains ont mené des guerres contre des pays, Bush, lui, s'en est pris à un concept abstrait : la terreur. Rien d'étonnant donc que des intellectuels très rive gauche comme Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann aient encensé son audace intellectuelle."

"A 'l'Etat, c'est moi' de Louis XIV, Bush a trouvé une contrepartie, moins éloquente certes mais suivant la même logique : 'Je suis le décideur et je décide de ce qui est le mieux'." L'absolutisme selon Bush, résume Thornhill, c'est une augmentation des dépenses publiques et des pouvoirs de la présidence.

"Le plus grand paradoxe de cette histoire tient sans doute au fait que les Européens eux-mêmes préféreraient ne pas avoir un président français sur Pennsylvania Avenue [l'avenue sur laquelle se trouvent la Maison-Blanche et le Congrès à Washington]. Ils aimeraient mieux y voir un vrai président américain qui défende les valeurs démocratiques telles que Washington l'a fait durant presque tout le XXe siècle, qui soutienne les organisations internationales multilatérales [comme l'ONU ou l'OMC] fondés par ses prédécesseurs, qui sache aussi bien parler avec calme que manier la force."